En tant que femme, que représente le sport pour vous ?
Le sport fait partie de ma vie, c’est ce qui fait que je me sens bien tous les jours, que j’ai confiance en moi. Le sport m’a appris et montré de quoi j’étais capable. Je ne sais si ça a un rapport avec le fait que je suis une femme, ou simplement un être humain, mais le sport me permet de me développer.
Quel est selon vous le plus grand défi du sport féminin aujourd’hui ?
Montrer nos atouts. On aime bien nous comparer aux hommes en disant que c’est toujours moins impressionnant. Peut-être qu’il y a moins de muscles, moins de force, mais c’est parfois plus joli, plus subtil.
Auriez-vous un message à faire passer aux futures générations de sportives ?
J’ai envie de dire aux jeunes sportives que le sport est fait pour tout le monde. Choisis ton sport, choisis ta passion et amuse-toi, car c’est le plus important !
L’INSEP joue un rôle clé dans la formation des athlètes. Comment est-ce que l’INSEP vous accompagne ?
L’INSEP est une énorme structure où l’on trouve tout ce dont on a besoin, et ce dès notre arrivée dans l’établissement. Quand j’étais très jeune, cela m’a beaucoup aidé. J’ai pu passer mon bac ici. Quelqu’un m’accompagne maintenant pour ma grossesse. Je dispose de tout ce qu’il faut au sein de l’INSEP si jamais j’ai un problème médical. Ma gynécologue se trouve ici, mes kinés aussi. Il y aussi toutes les ressources nécessaires en termes de recherche, si nous avons besoin d’informations spécifiques sur notre sport. Un endroit aussi complet ne se trouve pas facilement dans le monde.
Le 3 février dernier, vous avez annoncé sur votre compte Instagram que vous attendiez un enfant. Comment gérez-vous votre carrière de sportive de haut niveau et votre grossesse ?
Je fais confiance aux personnes qui m’entourent. Je dispose d’une gynécologue et d’une préparatrice physique qui travaillent ensemble. Elles me permettent de pouvoir m’entrainer tous les jours. Je reste, malgré ma grossesse, une sportive de haut niveau. Je m’entraine tout le temps, je continue à faire de l’escrime et je m’amuse d’ailleurs beaucoup. C’est ce qui est chouette ! Je fais du sport différemment mais j’en fais toujours. Je m’entretiens pour que tout se passe bien à mon retour, mais aussi parce que j’en ai besoin. Je fais du sport différemment mais j’en fais toujours.
Une grande majorité de téléspectateurs déclarent avoir regardé autant de compétitions féminines que masculines lors des JOP de Paris 2024 (Source : ARCOM - Rapport sur la place des femmes dans les médias audiovisuels et numériques). Quel impact a eu la hausse de la médiatisation du sport féminin d’après vous ?
Je suis très contente du bilan de cette étude. Cela montre que le sport féminin est aussi impressionnant que le sport masculin. Cela prouve aussi que le combat des personnes qui se battent pour ce résultat porte ses fruits. Il faut continuer ! Il n’y a pas d’intérêt que l’on dépasse les hommes pour autant. Mais si l’on peut montrer que le sport féminin plait autant que le sport masculin, on aura tout gagné.
En tant que femme escrimeuse de haut niveau, avez-vous déjà rencontré des obstacles spécifiques liés à votre genre ?
Je n’ai pas rencontré beaucoup d’obstacles simplement parce que j’étais une femme. En revanche, quand j’étais très jeune, j’étais dans un petit club où les filles partaient en pôle espoir ou arrêtaient l’escrime. Et je me suis retrouvée être la seule fille à m’entrainer dans mon club de sabre. J’ai alors pensé à arrêter. Mais finalement, je me suis rendue compte que s’entraîner avec des garçons c’était aussi amusant. C’est même devenu ma force. Cela aurait pu être un obstacle, mais finalement, c’est quelque chose qui me plait encore aujourd’hui. Je continue à m’entrainer avec des garçons.
Vous êtes très présente sur les réseaux sociaux où vous partagez votre quotidien de sportive de haut niveau. Mesurez-vous le rôle de modèle que vous incarnez pour toutes les femmes sportives ?
Je ne mesure pas forcément cela. Après, si je peux leur donner des conseils, j’en suis ravie. Je vois qu’il y a des choses qui ont changé. Le regard des gens notamment, mais cela me plait. Je prends cela à cœur et j’ai envie de leur dire « Allez-y, amusez-vous ! ». Il y a certaines athlètes qui m’ont donnée envie de me surpasser. Notamment Clarisse Agbegnenou. Quand je l’ai rencontrée, j’ai vu en elle une athlète qui montrait qu’elle s’entrainait dur avec le sourire. Je me suis alors dit que c’était compatible. Au-delà des résultats qu’elle a eus, elle a aussi montré qu’on pouvait être maman et championne. Je me dis donc que tout est possible !