L’obésité doit être considérée comme une pathologie des centres de régulation du poids qui mène les enfants et les adolescents vers un excès pondéral. Ce dérèglement est avant tout génétiquement déterminé, mais d’autres causes comme un choc émotionnel intense ou une insuffisance prolongée de sommeil sont également possibles. C’est bien en mangeant plus et en bougeant moins que ces enfants grossissent, mais l’origine de ce comportement est constitutive et nullement liée à une dérive délibérée de leur part. L’obésité est une véritable injustice de la nature.
Il est donc important d’oublier les clichés discriminatoires qui attribuent à l’obèse l’image d’un enfant avachi dans son canapé à regarder la télévision en se gavant de malbouffe, le tout sous l’approbation bienveillante de parents à l’éducation laxiste. Cette représentation erronée de l’obésité explique en grande partie la souffrance croissante dont sont victimes les jeunes obèses et leur famille. Le caractère constitutif de cette pathologie permet de comprendre les difficultés qu’ont les enfants à perdre de manière prolongée leur excès pondéral. Ils doivent lutter en permanence contre leur nature en se privant continuellement, sous peine de reprendre les kilos âprement perdus.
Dans ce contexte, la pratique d’une activité physique régulière, sportive ou pas, ne peut être que bénéfique. Elle ne fait pas maigrir en soi, mais elle apporte un bien-être, notamment par la modification de la silhouette qu’elle entraîne grâce au développement de la masse musculaire. La grande majorité des enfants et adolescents obèses aimeraient pouvoir faire du sport comme les autres, mais ils sont souvent confrontés au regard moqueur de leurs camarades ou simplement physiquement incapables de réaliser les mêmes performances. La multiplication de structures sportives adaptées aux obèses, animées par des éducateurs sportifs formés à cette pathologie, est de toute évidence une bonne solution pour contourner ces obstacles.
Professeur Patrick TOUNIAN Chef du service de nutrition pédiatrique, hôpital Trousseau, Paris.