Cette étude participe à l’élaboration des réponses aux différentes interrogations relatives au développement d’une politique publique en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes dans le sport, quelles que soient ses composantes, qui s’enracine depuis le début des années 2000.
Réalisé à partir des données sur le recensement des licences sportives de 2012 à 2017 et d’une synthèse de la littérature scientifique de ces 20 dernières années, ce rapport présente les tendances d’évolution des licences sportives au prisme du genre, et questionne le rôle de différentes instances de socialisation (la famille, l’école, l’institution sportive et les institutions politiques) dans la (dé)construction des inégalités entre les sexes dans le sport.
Ainsi, les résultats de l’analyse de données mettent en avant une progression continue des femmes dans la plupart des familles sportives et plus particulièrement dans certains bastions de masculinité et parmi les plus jeunes (moins de 20 ans) ou les plus âgées des licenciées (plus de 65 ans). Ces progressions sont à relier à des dynamiques culturelles et sportives comme les politiques volontaristes de féminisation engagées depuis 2012, l’extension du marché de la forme soutenue par des programmes de sport-santé, mais aussi la baisse de la pratique encadrée/fédérale chez les hommes qui génère un effet de loupe sur la progression des femmes dans le sport.
Néanmoins, ces progressions ne remettent pas en cause le maintien d’une division sexuée du sport dont le rapport révèle qu’elle se construit, principalement durant l’enfance (moins de 10 ans). Ainsi, ce rapport met à l’épreuve l’idée commune selon laquelle les filles plus que les garçons, se désengageraient du sport fédéral à l’adolescence pour montrer que les garçons plus que les filles sont sur-engagés durant l’enfance. Ces résultats posent la question du rôle des socialisations familiales, scolaires mais également celui des institutions sportives et politiques dans la construction des masculinités et des féminités mais aussi dans les rapports sociaux entre les femmes et les hommes qui en découlent. Des ambivalences fortes sont identifiables entre d’une part, les dynamiques en faveur d’une meilleure représentation des femmes dans tous les secteurs sportifs et à tous les niveaux de fonctions du milieu sportif et, d’autre part, le maintien d’une sexualisation des corps qui agit comme lit de la domination masculine et de la reproduction des inégalités entre les sexes.
En synthétisant ce que le genre fait aux sportives (via les familles, les territoires, l’école, le sexisme et les politiques publiques), ce rapport rappelle qu’aujourd’hui encore les femmes sont sous-représentées, sous-desservies, et sous-reconnues dans le milieu sportif. Cette situation a pour conséquences le fait que le sport peut être un siège de violences de genre et sexuelles contre lesquelles il convient d’agir. Il en va de la responsabilité sociale du mouvement sportif et des politiques publiques. Les enjeux sont multiples : éthiques, sociaux, de performance mais également de santé publique et d’économie. En vue d’accompagner les politiques et actions publiques pour réduire les écarts entre les femmes et les hommes et favoriser l’inclusion de tous et toutes dans le mouvement sportif français, les auteures concluent avec des propositions concrètes, organisées autour de 6 effets souhaités à long et moyen terme, des recommandations d’actions et des justifications.