Faisant suite au reportage diffusé dimanche soir dans l’émission Stade 2 sur France 3, la ministre, conformément à ce qu’elle avait annoncé, a convoqué ce mardi 15 mai au ministère James Blateau, président de la fédération française de gymnastique (FFG) et Kevinn Rabaud, son directeur technique national. Fabienne Bourdais, directrice des Sports et responsable de la cellule de lutte contre les violences dans le milieu sportif « Signal Sports », a également participé au rendez-vous.
Amélie Oudéa-Castéra a tenu une nouvelle fois à saluer le courage de ces jeunes femmes de témoigner sur ces souvenirs difficiles. A sa demande, le ministère va faire le lien entre elles et l’association « Colosse aux pieds d’argile », avec laquelle la fédération a également un partenariat, pour les accompagner. La ministre a exprimé au président et au DTN sa conviction profonde que les pratiques décrites dans le reportage, où sont confondues l’exigence avec la violence, la discipline avec la maltraitance, traduisent une conception de la haute performance d’un autre âge. Cette conception est à l’opposé de celle que la ministre souhaite porter au travers de son action.
Les faits relatés sont en effet particulièrement graves et justifient que les procédures administratives soient engagées sans délai :
- S’agissant d’une des personnes mises en cause, le service départemental à la jeunesse, à l'engagement et aux sports (SDJES) concerné, sous l’autorité du préfet de département, va être chargé de l’enquête qui permettra, le cas échéant, la prise d’une mesure d’interdiction d’exercer de l’entraineur cité dans le reportage.
- S’agissant d’une autre personne mise en cause, le cadre du MSJOP va être reçu par la direction des sports et est susceptible de faire l’objet d’une suspension à titre conservatoire le temps de conduire l’enquête disciplinaire dans le respect du contradictoire.
Après validation de son bureau exécutif, le président de la fédération s’engage à mettre en œuvre des mesures nouvelles et complémentaires autour de 4 axes pour que la pratique de la gymnastique se fasse encore plus et mieux dans le respect de la personne :
- Faciliter le signalement de toutes les formes de violences en donnant plus de visibilité sur le site internet fédéral à la plateforme de signalement « Signal Sports » du ministère;
- Promouvoir le partage du projet sportif respectueux des équilibres de l’athlète au sein des structures d’entrainement entre les gymnastes, les entraineurs, les élus et les parents ;
- Promouvoir des outils visant à changer de culture en sensibilisant spécifiquement chaque acteur fédéral, en développant des modules spécifiques de prévention et de formation pour l’éthique et contre l’emprise et en organisant des assises « Ethique et Gym de performance » ;
- Renforcer la collaboration avec l’association « Colosse aux pieds d’argile », nommer des responsables « intégrité physique et psychologique » à tous les échelons de la vie fédérale et engager des modifications statutaires pour renforcer la commission de discipline.
L’entretien a également permis d’aborder d’autres situations pour lesquelles des procédures sont en cours :
- En application du code du sport, le ministère va tirer les enseignements de la condamnation judiciaire prononcée récemment à l’encontre de M. Vincent Pateau, directeur technique de la structure d’entrainement de gymnastique artistique de Marseille, et devenue définitive faute d’appel, en notifiant à l’intéressé une incapacité d’exercer toute fonction d’encadrement.
- Concernant le club d’Avoine-Beaumont, la ministre a demandé que l’enquête en cours puisse aboutir dans les meilleurs délais, afin que toutes les conclusions puissent en être tirées tant sur la structure que les personnes qui y exercent.
- Concernant la gymnaste Mme Kaylia NEMOUR, la fédération, en pleine responsabilité, considère que son intégrité physique n’est pas suffisamment respectée mais ne s’opposera pas à sa demande de concourir au championnat d’Afrique. Cette décision lui permettra de concourir sous les couleurs d’une nouvelle sélection nationale dès le championnat continental qui se tiendra fin mai, comme cela est son souhait.
En conclusion de la réunion, la ministre a rappelé que si le sport de haut niveau est un monde d’exigence, celle-ci ne doit jamais être synonyme de mépris du respect des personnes, de leur intégrité physique ou de leur équilibre psychologique. Dans un certain nombre de sports en France, la culture de la performance doit donc continuer de se transformer et passer à la tolérance zéro sur ces phénomènes d’emprise et de violences. La ministre a insisté sur le fait que les fédérations sportives ont à ce titre des responsabilités, en premier lieu celle de protéger les pratiquants et les pratiquantes, à tous les niveaux de performance. Elle organisera un point de suivi avec les dirigeants de la fédération sur l’ensemble des actions engagées d’ici 15 jours.
La ministre continuera de s’engager pour une approche plus humaine de la performance dans le sport, qui est à la fois éthiquement nécessaire et la condition indispensable d’une performance durable, impossible à préserver sur le long terme sans garantir le bien-être et le respect des athlètes.