Tribune 1
Permettre à nos sportifs de briller au-delà du sport !
Un dernier coup de collier. Les flashs. Le stade olympique. Le drapeau tricolore. Et puis la Marseillaise qui retentit. Pour chaque athlète, c’est le rêve d’une vie. Pour la Nation tout entière, chaque médaille sera la source d’une immense fierté. Plus nos athlètes en décrocheront, plus les Jeux seront réussis.
Mais pour qu’elles soient aussi belles que nombreuses dans deux ans, nous devons garantir à l’ensemble de nos sportifs une préparation sur-mesure, tout en leur permettant dès à présent de s’investir dans des formations les préparant, dans la sérénité, à leur vie future.
C’est le « double projet », qui doit permettre de concilier les exigences d’une carrière de sportif de haut niveau, presqu’exclusivement tournée vers la performance, et l’investissement dans des études ou un emploi, qui offre l’opportunité aux sportifs de se projeter dans leur vie d’après.
Si ce sujet est une préoccupation ancienne de la politique du sport de haut niveau en France, force est de constater que la situation n’est, à ce jour, pas satisfaisante, que ce soit en matière de formation (difficilement conciliable en termes d’horaires, peu adaptée aux exigences de la haute performance) que d’insertion, a fortiori pour les sportifs en situation de handicap.
Car, à l’exception de quelques cas peu représentatifs, la quasi-totalité des athlètes devra, à l’issue de leur carrière sportive, s’investir dans un nouveau projet de vie. Or, se retrouver du jour au lendemain à l’arrêt, seuls et sans repères, face à un avenir pour lequel ils ne se sont pas préparés est souvent très mal vécu, alors que leurs carrières sont à leur apogée en moyenne à 27 ans (moyenne d’âge des sélectionnés aux JO de Tokyo).
D’autant que les dispositifs de formation, d’accompagnement ou d’emplois aménagés sont souvent difficilement lisibles pour ces sportifs, qui méconnaissent par ailleurs le monde de l’entreprise. Dans le même temps, tant d’entreprises ignorent qu’elles se privent de talents doués d’autonomie, d’exigence envers eux-mêmes, de sens de la performance et du résultat, qui pourraient créer tant de valeurs dans leurs rangs et auprès de leurs équipes.
Si la loi du 27 novembre 2015 pose les fondations d’un statut du sportif de haut niveau, nous devons, à moins de deux ans des Jeux, être mobilisés à 100% pour que nos sportifs aient toute leur chance de réussir avec succès leur quête olympique et paralympique. Mardi dernier, j’ai donc souhaité inaugurer le cycle d’ateliers « Impulsion politique et coordination stratégique » par un sujet qui, parce qu’il est essentiel à leur sérénité, est aussi au cœur de cette réussite : le suivi socio-professionnel et la reconversion.
Grâce à la mobilisation de l’ensemble des participants, que je remercie, cet atelier a d’ores et déjà permis d’engager un certain nombre d’avancées importantes.
Nous connaissions les voies d’amélioration : davantage de coordination de la part des acteurs, d’information à destination des sportifs, de souplesse et d’aménagements dans les dispositifs de droit commun, d’accompagnement personnalisé, mais aussi davantage d’engagement à nos côtés des établissements d’enseignement supérieur, des entreprises et des collectivités.
Dès à présent, certaines universités et grandes écoles ont montré qu’elles étaient prêtes à s’impliquer pour nous aider à multiplier les réussites académiques de nos sportifs de haut-niveau. Nous allons, avec la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, très investie sur le sujet, mobiliser toutes les énergies utiles à la mise en œuvre du double cursus.
Jeudi dernier, dans le cadre du séminaire des territoires organisé par l’agence nationale du sport, j’ai demandé à l’ensemble des référents en charge du suivi socio-professionnel des sportifs de haut-niveau, des maisons régionales de la performance et des fédérations, de prendre toute leur place dans l’animation des cellules d’accompagnement que nous allons déployer dans chaque territoire.
Nous allons également continuer de convaincre les entreprises de l’intérêt de soutenir les athlètes de haut niveau, en les impliquant encore plus fortement, notamment via la Fondation du Pacte de performance. C’est le message que leur tiendra bientôt le Président de la République.
Enfin, rêvons un peu ici, en France, d’un campus spécialement conçu pour nos sportifs, qui permettrait à nos jeunes sportifs de mener dans les meilleures conditions possibles un projet d’excellence sportive et académique, une sorte de « Stanford » à la française.
Surtout, faisons des Jeux de Paris 2024 une formidable opportunité pour montrer ce que les sportifs de haut niveau sont capables d’apporter à la société tout entière. C’est l’une des belles histoires qu’il nous appartient d’écrire dans les deux prochaines années.
Tribune 2
Nos solutions pour permettre aux sportifs de briller au-delà du sport
Mieux activer l’écosystème
Nous le savons, il nous faut densifier les dispositifs aménagés au sein des établissements d’enseignement et apporter plus de souplesse à la formation pour que nos jeunes s’inscrivent dans un continuum académique et sportif dès le collège. Ainsi, une mission prospective a été confiée dès le mois de juin dernier à l’Inspection générale de l’Education, du Sport et de la Recherche afin d’identifier les mesures relatives aux dispositifs scolaires et sportifs favorisant l’accès au sport de haut-niveau. Cette mission, nous permettra, avec l’appui du ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse, Pap Ndiaye, de travailler au déploiement des sections sportives scolaires, des sections d’excellence sportive ainsi que des nouvelles cordées du sport afin de permettre à plus d’élèves de pouvoir concilier sport et études.
Avec le concours de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, déjà pleinement convaincue de l’importance de ce sujet, nous allons demander aux présidences des universités et des grandes écoles de promouvoir les sportifs de haut niveau (SHN) comme de véritables ambassadeurs de réussite au sein de leur établissement et de développer des voies d’accès facilitées en capitalisant sur les acquis d’expérience de ces athlètes. Un référent en charge de ce volet sera également nommé dans chacun des établissements pour favoriser l’intégration et le suivi pédagogique du sportif.
Au même titre qu’il est essentiel d’offrir des conditions optimales pour le suivi d’un double cursus (sportif et académique) à nos sportifs de haut niveau, il est aussi primordial de mieux faire connaître et reconnaître leurs talents et leur expérience au moment de leur insertion dans le monde professionnel.
Ainsi, dans le cadre de la réforme engagée sur la validation des acquis de l’expérience par la ministre déléguée chargé de l’enseignement et de la formation professionnels, Carole Grandjean, je souhaite que nous puissions créer, en lien avec la Caisse des dépôts, un passeport de compétences numérique dédié aux SHN, qui reconnaisse et valorise les parcours et les talents de nos sportifs.
Dans le même temps, nous allons convaincre davantage d’entreprises, d’établissements publics, de collectivités d’accueillir des sportifs de haut niveau dans le cadre d’une période d’immersion, d’une insertion professionnelle ou d’une reconversion. Avec l’Agence nationale du sport (ANS), nous les encouragerons à s’approprier pleinement les dispositifs spécialement conçus pour les sportifs, comme les conventions d’insertion professionnelle – CIP – ou de mécénat portées par la fondation Pacte de Performance, ou les 500 parcours de formation financés par l’Afdas.
Enfin, je ferai appel aux conférences régionales du sport, et en particulier aux conférences des financeurs, pour qu’ils orientent des crédits sur le suivi socio-professionnel et la reconversion des sportifs présents au sein de leur territoire.
Mieux informer
Une autre étape clé, c’est bien sûr de mieux informer nos SHN des possibilités qui s’offrent à eux. J’ai donc demandé à l’ANS de renforcer la communication à leur destination, à travers le développement d’un portail dédié à l’information et l’orientation qui s’appuierait sur l’actuel PSQS (Portail de suivi quotidien des sportifs), en proximité avec l’ONISEP, et les services d’orientation. Cette information, qui fait aujourd’hui cruellement défaut, est essentielle pour aider nos sportifs en premier lieu, mais aussi leur famille, ainsi que tous les référents en charge du suivi socio-professionnel dans les fédérations ou les établissements (CREPS, maisons régionales de la performance, …) à bien identifier et connaître les dispositifs spécialement conçus pour les SHN.
Mieux orienter
Afin de garantir un suivi personnalisé à tous nos sportifs de haut niveau, nous allons, sous la responsabilité de l’ANS, déployer dans les prochains mois des cellules d’orientation-formation-insertion-reconversion (OFIR) dans toutes les Maisons régionales de la performance, avec en leur sein des conseillers experts spécialement formés à la prise en charge des SHN (à travers les dispositifs appui-carrière ou conseil en évolution professionnelle).
Par ailleurs, avec l’appui des administrations concernées (directions générales de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur, de l’emploi et de la formation professionnelle) et d’opérateurs tels que l’Afdas, nous allons également réaliser, d’ici la rentrée prochaine, un guide des établissements d’enseignement accueillant des sportifs de haut niveau. Ce guide permettra de mieux orienter les jeunes et leurs familles, et de les aider à se repérer parmi l’offre des formations aménagées.
Mieux évaluer
En outre, j’ai demandé à la direction des sports de prendre à bras le corps le sujet de l’évaluation qualitative et quantitative, pour à la fois pallier le manque de données relatives aux situations socio-professionnelles de nos SHN et, pour, très vite, mesurer nos progrès afin d’améliorer notre modèle.
Pour réussir ensemble ce défi de la réussite sportive, académique et professionnelle de nos 15.000 sportifs de haut-niveau, nous installerons une gouvernance dédiée.
Sous l’impulsion de la direction des sports, une commission interministérielle permanente du sport de haut niveau, déjà prévue par les textes, va voir le jour dès le mois prochain. Elle permettra d’animer l’ensemble des départements ministériels et de faire un état régulier de la mobilisation de chacun en faveur du double cursus des sportifs de haut niveau et de leur insertion professionnelle. Elle travaillera également en lien avec le nouveau comité de pilotage national, animé par l’ANS, pour s’assurer de la bonne mise en œuvre de toutes les mesures annoncées. Un schéma de cohérence nationale et territoriale a ainsi été partagé lors de l’atelier afin que chacun des acteurs puisse trouver sa place dans ce dispositif.
Sans oublier de se projeter encore plus loin…
Enfin, je suis convaincue que cette mobilisation exceptionnelle, favorisée par l’organisation historique des prochains Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, est l’occasion de laisser à nos athlètes de demain un héritage à la mesure de notre pays.
Et promis, bientôt, je vous reparlerai de notre rêve d’un « Stanford à la Française » !